
Le ministre haïtien de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle, Augustin Antoine, ne mâche pas ses mots. Invité ce mardi à l’émission gouvernementale « Les Mardis de la Nation », pour la deuxième fois en moins de six mois, il a dressé un constat glaçant de l’état de l’école haïtienne, appelant à une réforme structurelle et urgente du système éducatif.
« Il est inadmissible que sur un million d’enfants qui entrent à l’école, à peine 120 000 atteignent la classe de secondaire 4, et que la moitié d’entre eux échouent aux examens officiels », a lancé le ministre d’un ton grave, dénonçant un effondrement progressif mais profond de l’éducation nationale.
Pour le ministre Antoine, la situation actuelle dépasse le simple cadre scolaire : il s’agit d’une menace pour l’ensemble du pays. Des milliers d’enfants non scolarisés errent dans les rues, vulnérables à la violence, à l’exploitation et au recrutement par des gangs armés. « Un pays qui abandonne ses enfants, abandonne son avenir », a-t-il martelé.
Face à ce constat, le ministre appelle à une refondation du système éducatif. « Il faut redistribuer les cartes. Repenser nos priorités. L’école haïtienne doit former des citoyens capables de défendre la République, pas des jeunes livrés à eux-mêmes », insiste-t-il.
Dans son plaidoyer pour une éducation plus inclusive et efficace, Augustin Antoine propose plusieurs mesures concrètes :
Rendre effectif l’enseignement préscolaire et fondamental gratuit,
Renforcer les cantines scolaires,
Soutenir les enfants vulnérables, notamment les orphelins,
Adapter les programmes aux réalités sociopolitiques actuelles.
Il appelle également à une solidarité nationale autour de l’école : parents, enseignants, collectivités territoriales, mais aussi partenaires internationaux doivent, selon lui, unir leurs efforts pour enrayer l’effondrement en cours.
🎓 L’enseignement supérieur aussi fragilisé
Le ministre n’a pas non plus ignoré les difficultés que traverse l’enseignement supérieur, en particulier les universités privées. Victimes de la violence urbaine et de l’instabilité chronique, plusieurs établissements ferment ou réduisent leurs activités. Antoine plaide pour un soutien renforcé à ces institutions, qu’il considère comme essentielles à la reconstruction intellectuelle et économique du pays.
Un appel solennel au sursaut collectif
Par son ton direct et ses mots forts, le ministre Augustin Antoine tire la sonnette d’alarme. Il en appelle à un sursaut national : « Sans une école forte, inclusive et patriotique, aucune société ne peut aspirer à la justice, à la stabilité ni à la prospérité. »
L’heure n’est plus au constat, mais à l’action. Le futur d’Haïti en dépend.