ECONOMIE

Haiti/Economie: La faillite d’un État sous le regard complice de la communauté internationale

Entre récession prolongée, insécurité galopante et précarité extrême, Haïti traverse l’une des périodes les plus sombres de son histoire moderne. Les indicateurs économiques s’effondrent, le tissu social se délite et l’avenir reste suspendu à une issue politique et sécuritaire encore incertaine.

L’économie haïtienne s’effondre, prise en étau entre une violence endémique et une instabilité politique chronique. En 2024, le pays a enregistré une sixième année consécutive de croissance négative, avec une contraction du produit intérieur brut (PIB) de 4,2 %, une récession accentuée par les conflits armés, le contrôle des territoires par les gangs, et la paralysie quasi totale des institutions.

La pauvreté s’enracine. En 2025, 37,6 % des Haïtiens devraient vivre avec moins de 2,15 USD par jour, selon les standards internationaux de pauvreté. La consommation privée s’effondre sous l’effet d’une inflation galopante, tandis que l’investissement privé, vital pour la relance, est dissuadé par l’insécurité généralisée. Les recettes fiscales, elles, ont chuté à 5,2 % du PIB, un seuil historiquement bas dû à l’incapacité de l’État à collecter l’impôt dans les zones contrôlées par les gangs.

Haïti demeure le pays le plus pauvre de la région Amérique latine et Caraïbes, avec un PIB par habitant de 1 693 USD en 2023. L’indice de développement humain (IDH) s’élevait à 0,554, plaçant le pays à la 166e place sur 193. Et l’avenir ne s’annonce guère plus prometteur : une nouvelle contraction de 2,2 % du PIB est attendue en 2025, alors que le pays continue de s’enfoncer dans la crise.

Les défis économiques se doublent d’un contexte humanitaire alarmant. À ce jour, plus de 1 million de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays à cause des violences armées, et plus de 5 600 personnes ont été tuées en 2024 selon les Nations Unies. La faim touche 5,4 millions d’Haïtiens, et la santé publique est en déliquescence : près de 89 000 cas suspects de choléra ont été enregistrés au 9 mars 2025. L’indice de capital humain révèle qu’un enfant né aujourd’hui en Haïti ne sera que 45 % aussi productif qu’il pourrait l’être s’il avait accès à une éducation et des soins de qualité.

Les catastrophes naturelles viennent aggraver ce tableau déjà accablant. En 2021, un tremblement de terre de magnitude 7,2 a frappé le sud du pays, tuant plus de 2 200 personnes et détruisant des milliers de maisons, d’écoles et d’hôpitaux. Or, plus de 96 % de la population haïtienne est exposée aux risques climatiques comme les ouragans, les inondations ou les séismes.

Dans ce contexte de fragilité extrême, la moindre perspective de relance dépend de conditions encore lointaines : un apaisement politique, un retour à la sécurité, et une restructuration des institutions. En l’état, tout projet de développement semble voué à l’échec sans une volonté nationale et internationale forte pour briser le cycle de la pauvreté, de la violence et de l’abandon.

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