
Ouanaminthe, juillet 2025 – Alors que la ville de Ouanaminthe se prépare à célébrer sa fête patronale, l’atmosphère est loin d’être à la fête. Dans un contexte marqué par une instabilité politique persistante, une pauvreté endémique, un chômage massif et une insécurité croissante, les préparatifs se déroulent dans un climat social tendu, empreint de frustration, de colère et de résignation.
L’organisation de cet événement religieux et culturel d’importance, qui attire chaque année des centaines de pèlerins et de visiteurs, survient dans une ville envahie par l’insalubrité. Les rues sont jonchées d’ordures, les infrastructures routières sont dans un état de délabrement avancé, et la gestion municipale, vivement critiquée, semble impuissante face à la dégradation rapide de l’environnement urbain.
Une mairie sous le feu des critiques
Le Conseil municipal de la ville ( Demetrius LUMA, Antoine Cretilia, Ocelite DESTINE), déjà dans le viseur de la population pour mauvaise gestion, fait l’objet de graves accusations. Selon les résultats d’une enquête récemment publiés par l’Unité de Lutte contre la Corruption (ULCC), les membres de cette administration sont impliqués dans des cas de malversations financières et de corruption systémique. Ces révélations ont renforcé la méfiance des citoyens à l’égard de leurs dirigeants locaux, accusés de détourner les maigres ressources municipales au lieu de les investir dans les besoins prioritaires de la commune.
Une ville sans cœur : la place publique détruite et oubliée
Symbole du délabrement général : la place publique de Ouanaminthe, autrefois haut lieu de rassemblement et de repos pour les pèlerins, n’a jamais été reconstruite depuis sa destruction sous le reigne de l’ex-ministre de la Planification, Aviol Fleurant, sous le gouvernement du PHTK. Ce vide au cœur de la ville constitue une blessure toujours ouverte dans la mémoire collective des citoyens, qui y voyaient un lieu d’échange, de détente et d’identité.
Des promesses… encore en attente
Récemment, le Délégué départemental du Nord-Est, Dionel Germain, a tenté de raviver l’espoir en annonçant la reprise imminente des travaux de reconstruction de la place publique, grâce, dit-il, à ses démarches ayant conduit au déblocage d’un montant de 90 millions de gourdes. Mais sur le terrain, aucun chantier n’a réellement démarré, et la population s’interroge sur la destination réelle de ces fonds promis.
Une fête malgré tout, dans une ville abandonnée
Malgré ce tableau sombre, la fête patronale de Ouanaminthe aura bien lieu. Elle se tiendra dans une ville en détresse, mais portée par une population qui, envers et contre tout, tient à ses traditions et à son identité culturelle. Les festivités religieuses et populaires auront probablement un goût amer cette année, reflet d’un quotidien marqué par l’incertitude et le découragement.
Dans cette cité frontalière au fort potentiel économique et humain, l’absence de vision politique, la gestion corrompue des ressources publiques et l’inaction des autorités centrales entretiennent une spirale de dégradation. Il reste à savoir combien de temps encore la population pourra supporter cette descente aux enfers… en chantant.