
Alors que la population haïtienne vit une situation de détresse extrême marquée par la pauvreté, l’insécurité et l’instabilité politique l’annonce d’un référendum constitutionnel et d’élections prochaines paraît décalée. Le Conseil Présidentiel de Transition lui-même reste divisé, tandis que les gangs, protégés par certains acteurs économiques et politiques, terrorisent le pays. Dans ce contexte, investir des centaines de millions dans un processus aussi fragile suscite colère et scepticisme.
L’histoire électorale récente d’Haïti est marquée par des fraudes, des violences et une faible participation. Les dernières élections, largement contestées, n’ont fait qu’aggraver la méfiance du peuple envers les urnes. Dans une ambiance encore plus chaotique aujourd’hui, toute réforme constitutionnelle semble vouée à l’échec si elle ne s’appuie pas sur une légitimité populaire réelle.
Sur le plan technique et démocratique, les failles sont profondes : fichier électoral défaillant, manque de transparence, absence de représentativité. La société civile est marginalisée, les partis politiques coupés du peuple, et les jeunes comme les femmes sont largement exclus. Ces lacunes sapent toute confiance dans le processus.
Pour changer la donne, il faut repenser de fond en comble le système électoral : un CEP crédible, des règles claires, une large inclusion nationale. Une Conférence nationale pourrait être le socle d’un véritable dialogue en vue d’une réforme constitutionnelle issue du peuple, et non imposée par le sommet de l’État.
Mais sans sécurité, rien n’est possible. Tant que les gangs contrôleront le territoire, aucune élection ne pourra être libre ni juste. Réformer dans ces conditions, c’est courir vers une nouvelle mascarade démocratique. Un luxe que le peuple haïtien, épuisé et abandonné, ne peut plus se permettre